Pourquoi nous ne ferons pas une campagne de financement participatif

Il y a quelques années un ami m’a fait découvrir cette idée révolutionnaire qui prenait de l’ampleur aux États Unis.
Génial ! les artistes, créateurs, entrepreneurs de tout ordre pouvaient se passer des impératifs de « l’institution » et lancer son projet à la recherche de ceux qui voudraient les suivre dans son élan, des fois fou, des fois drôle, des fois engagé …
Le concept me semblait merveilleux… MAIS

Depuis, la situation a bien évoluée et, comme souvent, les belles idées finissent par se tordre.

Nous ne ferons pas un campagne de financement participatif parce que :

Les sites qui gèrent ce type de campagne prennent une commission d’environ 8% de chaque don.
Ce qui est justifié, car ils fournissent un service, mais lors qu’on regarde la passion et le manque d’intérêt lucratif de la plupart des porteurs de projet, la générosité qui est à la base de chaque don, et que l’on fait une estimation du chiffre d’affaire de chacun de ces sites … le déséquilibre se fait trop parlant et ce qui était au départ une initiative pour la solidarité et l’indépendance, devient une niche de marché.

Aussi, dans les derniers mois nous avons entendu deux représentants du Ministère de la Culture français encourager les jeunes compagnies de théâtre et les jeunes entrepreneurs de la culture à faire appel au financement participatif.
Au milieu de notre grand étonnement nous nous disions que, finalement, c’est bien qu’un projet culturel trouve une diversité de financements, que l’état ne soit pas le seul à combler l’écart entre le prix que les « bénéficiaires » peuvent payer et le cout réel de production d’un spectacle (par exemple), car si non il n’y aurait que le théâtre commercial et le subventionné et que les terrains intermédiaires sont aussi intéressants. Mais quand-même ! ce n’est pas pour autant qu’un représentant du Ministère de la Culture peut se permettre, dans un acte officiel, de ne parler que de ça (c’était le cas).

En même temps, la pratique est tellement répandue aujourd’hui que même des grandes institutions culturelles (grassement soutenues par l’état) comme le Musée d’Orsay ou le Louvre font aussi appel aux micro-dons des particuliers.
Ainsi, le cher citoyen paie : ses impôts (dont une partie suffisante devrait être destinée à la promotion de la culture et la conservation du patrimoine), l’entrée du musée (ou du théâtre ou …) ET fait des dons aux lieux qu’il aime et qu’il fréquente. Ce qui revient à payer trois fois.

Du coup, le citoyen se fatigue et commence à se dire qu’il a bien d’autres factures à payer et, au milieu de la sur-demande à laquelle il est soumis, décide de ne rien donner ou ne donne qu’à ceux qui « ressortent » le plus ou qui insistent le mieux.
Aujourd’hui mener la campagne de financement participatif du Louvre (par exemple) est un marché très prisé et un beau budget y est accordé.
Donc! commencent à fleurir les agences qui mènent ces campagnes, comme les agences de publicité et l’on paie cher les experts qui savent vous faire payer trois fois avec plaisir.

Alors, même si l’idée de faire financer une partie de nos projets avec des micro-dons de ceux qui ont un engagement poétique et citoyen qui résonne avec le notre nous semble une très belle idée …
Plutôt que de donner 8% de toute cette passion à une grande entreprise qui a bâtit un beau site internet…
Plutôt que de participer au dédouanement du Ministère de la Culture quant au financement des petits projets ou des projets naissants…
Plutôt que de devenir fous à apprendre le métier « d’insisteur class » qui n’est pas le nôtre, pour finalement se retrouver avec un très petit bénéfice entre les commissions, le prix des contreparties et le temps passé à vous faire nous donner …

Nous avons décidé de vous proposer de très beaux spectacles et laisser le reste à la rencontre !