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El sentido y la palabra

El sentido se desprende de una nota como del verbo para dar a beber lo que siente … ¿el actor? ¿el músico? ¿el autor?, un instante de memoria que toma cuerpo en el temblor de un sonido, de un ritmo, de un movimiento.

El aire se tiñe de emoción, como si en el agua apretáramos una esponja empapada de sal … para que nazca la mar.

El arte es un juego, y nos prestamos a él como al amor, como a la vida, como al sueño o al recuerdo. Con toda la fe del alma pura y entera. Sabiendo que mañana acabará, que la función no es infinita … y sin embargo ¿quién puede ver el final?

Maître Jouvet …

Il faut que le sentiment t’oblige à dire le texte, c’est cela l’art du comédien

 
« […] a chacun des mots que tu dis il faut que tu sentes ce que tu dis, que tu sentes ce que cela représente, a chacun des mots que tu dis il faut que le sentiment monte en toi, que tu sois baignée par ce que le mot exprime. Si tu fais cet exercice en appelant en toi, à mesure que tu penses le mot, le sentiment que ce mot exprime, à un moment donné les sentiments monteront en toi au fur et à mesure, avec tant d’intensité que tu pourras interpréter intérieurement le texte sans le dire; puis, tu seras obligée de le dire à ce moment là tu joueras le rôle. […] « 

Que de la poésie…

Lorca a écrit, lors de son séjour à New York en 1929, un recueil de poèmes d’une qualité exceptionnelle dont cette Ode au roi de Harlem … esprit de la race noire

Con una cuchara
arrancaba los ojos a los cocodrilos
y golpeaba el trasero de los monos.
Con una cuchara.Fuego de siempre dormía en los pedernales,
y los escarabajos borrachos de anís
olvidaban el musgo de las aldeas.
Aquel viejo cubierto de setas
iba al sitio donde lloraban los negros
mientras crujía la cuchara del rey
y llegaban los tanques de agua podrida.
Las rosas huían por los filos
de las últimas curvas del aire,
y en los montones de azafrán
los niños machacaban pequeñas ardillas
con un rubor de frenesí manchado.Es preciso cruzar los puentes
y llegar al rubor negro
para que el perfume de pulmón
nos golpee las sienes con su vestido
de caliente piña.Es preciso matar al rubio vendedor de aguardiente
a todos los amigos de la manzana y de la arena,
y es necesario dar con los puños cerrados
a las pequeñas judías que tiemblan llenas de burbujas,
para que el rey de Harlem cante con su muchedumbre,
para que los cocodrilos duerman en largas filas
bajo el amianto de la luna,
y para que nadie dude de la infinita belleza
de los plumeros, los ralladores, los cobres y las cacerolas de las cocinas.¡Ay, Harlem! ¡Ay, Harlem! ¡Ay, Harlem!
No hay angustia comparable a tus rojos oprimidos,
a tu sangre estremecida dentro del eclipse oscuro,
a tu violencia granate sordomuda en la penumbra,
a tu gran rey prisionero, con un traje de conserje.

Tenía la noche una hendidura
y quietas salamandras de marfil.
Las muchachas americanas
llevaban niños y monedas en el vientre,
y los muchachos se desmayaban
en la cruz del desperezo.

Ellos son.
Ellos son los que beben el whisky de plata
junto a los volcanes
y tragan pedacitos de corazón
por las heladas montañas del oso.

Aquella noche el rey de Harlem,
con una durísima cuchara
arrancaba los ojos a los cocodrilos
y golpeaba el trasero de los monos.
Con una cuchara.
Los negros lloraban confundidos
entre paraguas y soles de oro,
los mulatos estiraban gomas, ansiosos de llegar al torso blanco,
y el viento empañaba espejos
y quebraba las venas de los bailarines.

Negros, Negros, Negros, Negros.

Avec une cuillère
il arrachait les yeux aux crocodiles
et battait le derrière des singes.
Avec une cuillère.Un feu de toujours dormait dans les silex
et les scarabées ivres d’anis
oubliaient la mousse des hameaux
Ce vieillard couvert de champignons
allait à l’endroit où pleuraient les noirs
tandis que craquait la cuillère du roi
et qu’arrivaient les réservoirs d’eau pourrie
Les roses fuyaient sur le tranchant
des dernières courbes de l’air,
et sur les tas de safran
les enfants martelaient des petits écureuils
avec une rougeur de frénésie barbouilléeIl faut traverser les ponts
et arriver à la rougeur nègre
pour que le parfum de poumon
nous frappe les tempes avec sa robe
de chaud ananas.Il faut tuer le blond vendeur d’eau-de-vie
tous les amis de la pomme et du sable
et il est nécessaire de frapper poings fermés
les petites juives qui tremblent pleines de bulles,
pour que le roi de Harlem chante avec sa foule,
pour que les crocodiles dorment en longues files
sous l’amiante de la lune,
et pour que nulle ne doute de l’infinie beauté
des plumeaux, des râpes, , des cuivres et des casseroles des cuisines.

¡Ay, Harlem! ¡Ay, Harlem! ¡Ay, Harlem!
Il n’y a pas d’angoisse comparable à tes yeux opprimés
a ton sang frémissant dans l’obscure éclipse
à ta violence grenat sourd-muette dans la pénombre
à ton grand roi prisonnier en tenue de concierge.

La nuit avait une fêlure et d’immobiles salamandres d’Ivoire
Les jeunes filles américaines
portaient des enfants et des pièces de monnaie dans le ventre
et les garçons défaillaient sur la croix de l’étirement.

Ce sont eux.
Ce sont eux qui boivent le whisky d’argent près des volcans
et avalent des petits morceaux de cœur, dans les montagnes glacées de l’ours.
Cette nuit-là le roi de Harlem, avec une très dure cuillère
arrachait les yeux aux crocodiles
et battait le derrière des singes.
Avec une cuillère.

Les noirs troublés pleuraient
parmi les parapluies et les soleils d’or
les mulâtres étiraient des caoutchoucs, impatients d’arriver au torse blanc,
et le vent embuait les miroirs
et brisait les veines des danseurs.

Nègres ! Nègres ! Nègres ! Nègres !

[http://www.sopitas.com/206999-sobrevivir-en-harlem-un-documento-fotografico/]