La parole « en vie »

Ramon Alejandro parle ainsi d’un ami suicidé : “Il est mort d’overdose littéraire, car ce qui fut depuis toujours transmis oralement, par récitation répétée du disciple aux pieds du maître, conservant ainsi la puissance vitale aux paroles sacrées, devient violent poison lorsque la vibration sonore se désincarne sur la pâleur d’une page et devient ainsi du savoir sans sagesse”. Alejandro est écrivain, je veux dire : homme d’écriture. Et voilà qu’il redécouvre, avec une sorte d’étonnement qui m’émeut, l’irremplaçable pouvoir de la parole proférée, de la parole “en vie”. Quelque chose, qui fut longtemps enfoui, est décidément à renaître.

(Ramon Alejandro et Henri Gougaud)