Amour de Don Perlimplin avec Bélise en son jardin – LORCA

Traduction et mise en scène : Lola Lago Azqueta
Avec : Mario Tomás López ou Aymeric Pol (en alternance) / Perlimplin, Jean-Philippe Marie / Bélise, Lola Lago Azqueta ou Eleronora Rossi ou Jose Luis Roig (en alternance) / Marcolfa.
Scénographie : Magali Murbach
Musique : Tom Honnoré
Régie : Patricia Luis-Ravelo.

Revue de Presse
Les mots des spectateurs

Comédiens, marionnettes et guitare électrique font jaillir le cri de Lorca.

Un cri comme une ode à l’amour, à l’érotisme, à la poésie, à la liberté, mais aussi un cri désespéré contre la « morale ridicule » qui étranglait jour après jour le poète et au nom de laquelle il fut assassiné.

L’histoire

Don Perlimplin, âgé de 50 ans, ne pensait pas au mariage avant que sa servante, Marcolfe, ne le lui impose.

« Je me suis toujours dit que je ne me marierais pas. Moi, avec mes livres, j’ai ce qu’il me faut. »

C’est avec la blanche Bélise qu’il va se marier. Don Perlimplin découvre ainsi l’amour et le corps de Bélise. Grâce à elle le monde se révèle à lui d’une façon nouvelle, il découvre ce que les sens dévoilent.

« Avant, je ne pouvais pas penser à ce qu’il y a d’extraordinaire au monde. Je restais sur le seuil. Tandis que maintenant… L’amour de Bélise m’a donné un trésor que j’ignorais… »

Mais Bélise n’est pas capable d’accueillir l’amour entier et généreux de Don Perlimplin. Encore moins de s’en satisfaire…

Homosexualité

Amours non convenables
Amours condamnées
Amours interdites

Dans toute l’œuvre de Lorca palpite la question du désir et de l’amour. Les amours inachevées, impossibles, déchirées expriment le tiraillement, les passions et les douleurs d’un homosexuel dans l’Espagne des années 30, mais aussi d’un poète qui était «bien loin des bagatelles» et de «la morale ridicule des gens».

«Amour de Don Perlimplin avec Bélise en son jardin» est une ode à l’amour, à l’érotisme et à la poésie. C’est aussi un cri désespéré contre cette morale ridicule qui étranglait jour après jour le poète et au nom de laquelle il fut assassiné.

Il est indispensable de nos jours de rappeler ce qu’est la liberté.

Il est urgent, dans notre société actuelle, de parler de l’amour et de l’érotisme, d’éclairer ces sentiments, ces pulsions, d’une lumière suffisamment sensible pour que l’on puisse se sentir libres d’avouer ce que le cœur et le corps ressentent ; d’affirmer que chacun a la liberté d’aimer ne suivant que ses mouvances intimes.

Il est important aujourd’hui de redire les poètes. Redire les vers de Lorca d’une voix nouvelle qui trouve sa source et sa force dans l’héritage des ancêtres et déploie ses bourgeons dans la tempête contemporaine.

Mise en scène

Dans l’espace

La scène se divise en deux univers :

L’un est occupé par une petite scène à marionnettes. Mannequins aux costumes riches et délicats, ces marionnettes évoluent dans un espace coloré, précieux, riche en détails et ornements, construit, éclairé avec fantaisie.
L’autre espace, le reste de la scène, est presque toujours plongé dans la pénombre. Les personnages qui y vivent (les comédiens) le font comme des fantômes, des évocations de l’esprit, de l’imagination ou des voix intimes de l’auteur. Il s’agit d’un espace extrêmement épuré, en noir et blanc, où la couleur n’existe que de manière ponctuelle, se chargeant ainsi d’une véritable force expressive.

La lumière

L’éclairage est un jeu subtil de clair-obscur : des lumières qui éveillent à peine la rétine ou qui ne dessinent que la courbe délicieuse d’une épaule.
Espace dénudé. Chair vive.
Ces deux espaces accueillent donc deux niveaux de lecture dans le décryptage du texte : le poète imagine, écrit, fabrique son monde fantastique de marionnettes et, en les manipulant, arrive ainsi à dévoiler des vérités plus profondes et complexes.

"Amour de Don Perlimplin avec Bélise en son jardin" de Lorca - José Luis Roig (Marcolfa)
« Amour de Don Perlimplin avec Bélise en son jardin » de Lorca – José Luis Roig (Marcolfa)

Musique

La musique – véritable espace sonore – colore, rythme, densifie l’espace ou le dynamise. Des sons profonds, vibrants emplissent la salle … C’est une danse, un acte d’amour avec tout ce que l’amour peut avoir de doux ou de violent.

Parmi une myriade de sons très divers glanés entre les plis de la vie chaque jour, une guitare électrique fait le lien. L’espace sonore est une partie fondamentale de la bâtisse. À peine perceptible par moments il envahit ensuite la scène comme une marée et balaie le drame pour ouvrir l’espace et introduire la suite.

Photo: Laura Lutard